Les montres de luxe ou de collections sont-elles de bons investissements ?
Par Christophe Tunica
Les amateurs de belles montres sont souvent considérés comme des esthètes et / ou des collectionneurs fortunés …Et ils le sont effectivement, la plupart du temps. Pour autant, leur passion peut aussi les amener à réaliser de belles opérations financières. On a en effet vu, ces dernières années, le prix de certains modèles de montre flamber sur le marché de l’occasion. Cela fait -il de la montre de luxe un bon produit d’investissement ? La réponse reste en demi-teinte ; voyez pourquoi dans les lignes qui suivent…
Un marché secondaire à forte tendance inflationniste
Certains modèles de montres de prestige qui sont en rupture de stock connaissent un phénomène de sur-demande qui amènent leurs prix à flamber sur le marché de l’occasion. On peut citer, par exemple, la marque Rolex qui a décidé d’instaurer, pour quelques références, des listes d’attentes en annonçant un délai d’attente moyen de cinq années ! Ce phénomène dope, bien sûr, le marché de la seconde main. On se souvient notamment de la Rolex Daytona, version Paul Newman qui a été vendue aux enchères l’an dernier, pour près de 15,3 millions d’euros. L’emblématique marque Rolex joue beaucoup avec ce marketing de demande ; mais elle n’est pas la seule : Patek Philippe et Audemars Piguet sont sur une même tendance. Si le phénomène est un peu moins marqué, il existe également sur d’autres marques, telles qu’Omega, Zenith, Universal Genève, Jaeger Lecoultre, ou Tag Heuer, qui alimentent aussi le marché secondaire, avec des prix qui peuvent flamber sur certains de leurs modèles.
Réel produit d’investissement, simple spéculation, ou achat plaisir ?
Depuis une trentaine d’années certaines montres de collection de luxe ont pris énormément de valeur, permettant parfois une revente à hauteur de 20 à 50 fois leur prix d’achat. Pour autant, cela ne permet pas d’affirmer que le marché dans son ensemble représente un investissement sûr et rentable ; et ce pour plusieurs raisons…
Un marché très sélectif
Si certains produits de créateurs type Hugo Boss ou Diesel ravissent les amateurs de belles montres, il est fort peu probable que ces dernières permettent de faire d’impressionnantes plus-values. Pour avoir une chance de faire « la culbute », mieux vaut miser sur des marques de luxe portées par une histoire horlogère, et des modèles qui présentent un vrai souci du détail et une sophistication de son mouvement. Il est donc nécessaire de bien se documenter et de ne surtout pas céder à l’achat coup de cœur. Il semblerait par exemple que les modèles sportifs en aciers soient les plus recherchés, et bénéficient souvent d’une valeur sur le marché secondaire supérieure au prix de vente pratiqué par les revendeurs officiels de la marque concernée. Citons notamment chez Rolex, les modèles Submariner acier, modèle 116610 ; GMT master II acier, modèle 126710BLRO (appelée aussi “Pepsi”) ou modèle 116710BLNR (appelée aussi “Batman”) ; ainsi que tous les modèles en acier de la gamme Daytona.
Les risques inhérents au produit
Attention à la contrefaçon ! Le tout premier risque lié à l’achat d’une montre de collection – et encore plus s’il s’agit d’un investissement – est la contrefaçon. Car il va sans dire que quel que soit le prix que vous aurez payé votre montre, si elle s’avère fausse, son prix à la revente sera tout proche de … Zéro ! Il est donc primordial, lors de l’achat, de vérifier l’authenticité du modèle proposé. Pour ce faire, il convient – à minima – d’exiger la boîte et les papiers d’origine de la montre. Ils feront foi et vous renseigneront sur la traçabilité de la pièce.
L’état de la montre est à observer dans ses moindres détails : outre le fait que la montre de luxe doive être en parfait état de marche, en cas de revente, il est aussi également important de veiller à son aspect général… Les moindres petites taches ou rayures peuvent en effet considérablement diminuer sa valeur. Le cadran est bien sûr, le premier élément à inspecter : il doit être dans sa configuration d’origine et en bon état. Un bracelet cuir d’origine sera aussi un très bon point. Les aiguilles ont également leur importance : elles doivent, idéalement, être d’origine. Le boîtier, quant à lui, sera mieux coté s’il n’a jamais été poli. Enfin, le mouvement sera aussi un critère important d’appréciation de votre montre…S’il est en mauvais état, cela pourra engendrer des frais de restauration importants, et diminuera d’autant la valeur de votre objet.
Sécuriser ses transactions
Toute transaction comporte des risques. Néanmoins, celles qui s’opèrent par le biais de flux bancaires sont relativement sécurisées ; ce qui n’est pas le cas dans le cadre de la vente d’un objet de luxe. Il convient donc d’être prudent sur les circuits utilisés. Voici ceux sont qui sont les plus recommandés pour la revente d’une montre d’occasion :
Entre Particuliers, via les réseaux sociaux : groupes Facebook ou Instagram…
Les sites spécialisés : Chrono24, Romain Réa, Cresus, Joseph Bonnie, Antoine De Macédo, Horare, Collector Square, Le Forum a Montres, Le Coin Des Affaires de Chronomania …
Les ventes aux enchères : Drouot, Christie’s, Sotheby’s, Artcurial, Antiquorum, Catawiki, Ebay…
Pour conclure
Si vous décidez d’investir dans les montres pour gagner de l’argent, mieux vaut être un réel connaisseur. Il peut, alors, être possible de réaliser quelques belles plus-values à court terme. Notamment si vous mettez, par exemple, la main sur une montre cotée, vendue par un particulier qui n’a pas connaissance de sa valeur. Ce genre d’aubaine peut permettre de dégager une rentabilité assez impressionnante, en revendant la montre cinq à dix fois plus cher que sa valeur d’achat, en seulement 10 ou 20 ans. Le rendement produit est alors largement supérieur à ce qui se fait en bourse. Mais encore faut-il tomber sur la bonne pièce ; aller au bout de sa démarche et se débarrasser de son bijou, quand bien même en est-on tombé amoureux ! La montre de collection reste, quoi qu’il en soit, un bel achat plaisir, doublé d’une valeur refuge sûre… Sa décote, si elle reste supérieure à celle d’un bien immobilier est bien inférieure à celle d’une voiture ou d’un bateau. Si elle ne représenre pas l’investissement du siècle, la montre de luxe reste donc un achat sécuritaire qui se revend aisément, en cas de besoins de liquidités.